Appel à communications

Depuis le milieu des années cinquante, il existe un intérêt grandissant pour l’étude, la protection et la conservation du patrimoine industriel au Royaume-Uni qui est, en outre, souvent considéré comme étant précurseur dans la promotion de cet héritage idiosyncratique, de son importance et de son potentiel. La montée d’une prise de conscience débute avec le développement de l’archéologie industrielle en tant que discipline à part entière, conduisant ensuite à percevoir le patrimoine industriel comme une ressource de la régénération. A cet égard, les nouvelles utilisations faites de bâtiments autrefois à l’abandon va de pair avec les politiques de renouvellement urbain mises en place dans un contexte de désindustrialisation, ainsi qu’avec l’accent aujourd’hui porté sur le développement durable.

Si par le passé la disparition intentionnelle de vestiges industriels a pu causer une indignation publique, et si aujourd’hui les archéologues industriels et les défenseurs de la conservation de ce patrimoine ne peuvent pas toujours agir à temps pour contrer le passage des bulldozers dans les espaces urbains en redéfinition, le discours de la table rase est, néanmoins, de plus en plus contesté. Cela est en partie dû à la contribution positive des réinterprétations innovantes de structures industrielles existantes vis-à-vis de la conservation du palimpseste urbain ainsi que la mise en valeur de l’esprit du lieu, qui repose aussi sur le lien entre passé et présent. Enfin, la démolition d’édifices industriels pourtant non vétustes comme l’on se débarrasserait de ressources jetables irait à l’encontre de la promotion d’une revitalisation urbaine rationnelle, économe et plus respectueuse de l’environnement.

Le projet de recherche se focalisera principalement sur les bâtiments industriels, classés ou non, les anciennes filatures, usines, entrepôts, infrastructures, ainsi que sur leur environnement immédiat lorsqu’ils font partie d’un paysage et/ou d’une zone de conservation. La portée de l’objet d’étude n’est pas limitée aux sites hérités des XVIIIe et XIXe siècles et inclut également ces sites qui ont vu le jour tout au long du XXe siècle. L’ambition de cette journée d’études est d’explorer les changements survenus dans le champ du patrimoine industriel, son rôle déterminant dans la provision d’espaces dédiés au tourisme, à la culture, et en lien avec la régénération urbaine en général, ainsi que les conflits potentiels qui découlent de la relation entre ces différents processus. Il sera, toutefois, primordial de s’intéresser aussi aux représentations de la société industrielle et des traces matérielles de l’industrie afin de souligner les mutations dans la façon de percevoir et dépeindre le patrimoine industriel depuis les débuts de la révolution industrielle. Cela permettra d’apporter un aperçu plus global des visions contrastées d’un patrimoine autrefois délaissé.

L’approche de cette journée d’études sera inter- et pluri-disciplinaire (géographie culturelle, histoire culturelle, histoire de l’art, étude des médias, études urbaines, études du patrimoine, architecture, etc.). Quelques pistes de réflexion possibles :

  • Ruines industrielles et paysages post-industriels: des actes créatifs au contact de témoins physiques du passé, de leur altérité et instabilité.
  • Le recyclage culturel et patrimonial des bâtiments industriels et de leur environnement immédiat.
  • La réinterprétation des sites industriels pour un usage créatif : la question de l’inventivité, de la viabilité et de la durabilité d’une réutilisation par les industries créatives.
  • Etude de la lisibilité et de la permanence du passé dans les reconversions du bâti industriel.
  • Conservation et reconversions : les conflits entre priorités architecturales, culturelles, historiques, économiques, promotionnelles.
  • Les interventions architecturales contemporaines sur le tissu urbain industriel : mise en valeur, effacement ou dégradation du patrimoine ?
  • Protection et conservation du bâti industriel : un défi pour les urbanistes et les promoteurs fonciers.
  • Les représentations d’une société industrielle qui disparaît et de son patrimoine : visions du passé industriel, de ses acteurs et de ses traces matérielles dans les paysages urbains et ruraux.
  • La contribution du patrimoine industriel envers le tourisme dans des espaces post-industriels.
  • Naissance de l’environnementalisme dans une société britannique de plus en plus industrielle et urbaine de la fin du XVIIIe siècle au développement du mouvement tout au long du XIXesiècle.
  • De nouvelles fonctions pour les bâtiments industriels inoccupés : le discours du développement durable dans les villes.
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